Allocution 8 mai 2025
- Jacques Myard
- 9 mai
- 5 min de lecture

Le 17 juin 1940 à 12h30, le maréchal Pétain, chef du gouvernement, parle depuis Bordeaux à la radio
« C'est le cœur serré que je vous dis aujourd'hui qu'il faut cesser le combat »
Le lendemain à Londres, le sous-secrétaire d'État à la Défense et à la Guerre, le général de Gaulle, lance un appel le 18 juin à la BBC.
En ces moments tragiques de Gaulle est bien seul, qui va le suivre, quelles forces militaires va-t-il pouvoir mobiliser pour poursuivre le combat ?
Il s'interroge, il confie ses doutes à son aide de camp le lieutenant Geoffroy de Courcel.
« Qui va me suivre ? »
Le 19 juin, Weygand le somme de rejoindre la France. Il lui fait adresser un mandat d'arrêt.
Le 20 juin de Gaulle lui répond :
« J'ai reçu votre ordre de rentrée en France...
Je n’ai, bien entendu, aucune autre résolution que celle de servir en combattant.
Je pense venir me présenter à vous dans les 24 h. Si, d'ici là, la capitulation n'a pas été signée.
Au cas où elle le serait, je me joindrai à toute résistance française qui s'organiserait où que ce soit.
À Londres en particulier...
Il n'y a pas actuellement d'armistice possible dans l'honneur. »
Le 22 juin 1940
Hitler exige que l'Armistice soit signé au même endroit, dans la même voiture en forêt de Compiègne que celui du 11 novembre 1918, à Rethondes.
Après plusieurs échanges avec Bordeaux, le Général Huntziger signe pour la France la convention d'Armistice, Wilhem Keitel pour le Reich, en présence d’Adolf Hitler.
La Convention d'Armistice, 24 articles, ne dit rien sur la flotte française et l'Empire colonial français.
L'Empire reste sous l'autorité du gouvernement français, la flotte devra rallier des ports, à déterminer...
Hitler justifie peu après à Mussolini son choix : Ne pas pousser la France et sa puissante flotte à continuer la guerre à partir de ses colonies. La Kriegsmarine n'est pas en mesure de conquérir l'empire outre Méditerranée.
La flotte trahie par ses chefs dont l'Amiral Gensoul et Darlan refuse de poursuivre le combat avec les Anglais et provoque le drame de Mers- el-Kébir.
Le 26 juin, de Gaulle s'adresse au Maréchal Pétain :
« Cet armistice est déshonorant, les deux tiers du territoire livré à l'ennemi et quel ennemi.
Monsieur le Maréchal, vous conviez la France livrée, la France liée, la France asservie à reprendre son labeur à se refaire, à se relever.
Mais dans quelle atmosphère ?
Par quels moyens ? »
En février 1940, une demi-brigade est créée :
- Un bataillon à Sidi Bel Abbes
- Un autre à Fez
- Ainsi qu'un bataillon de commandement
Le tout prend le nom de Demi-brigade de Montagne de la Légion étrangère, sous les ordres du lieutenant-colonel Magrin-Vernerey, un soldat glorieux couvert de cicatrices.
La demi-brigade est destinée à faire partie du corps expéditionnaire pour soutenir la résistance du peuple finlandais.
En mars 1940, la demi-brigade quitte l'Afrique du Nord sur les croiseurs :
- Jeanne de Vienne
et
- La Marseillaise
Elle prend alors le numéro « 13 » dans l'ordre de bataille, un numéro qu'elle portera pendant toute la guerre.
La « 13 » part pour la Norvège que les Allemands attaquent le 9 avril 1940.
Les Allemands veulent s'emparer de « la route du fer », ils ont besoin du fer en provenance de Suède, des mines de Kirana, indispensables pour les armées du Reich.
Le 13 mai 1940, la « 13 » débarque de vives forces à Bjervick. Elle fait 123 prisonniers.
Elle conquiert Narwik du 28 mai au 2 juin puis doit évacuer la Norvège.
Elle gagne l’Écosse le 21 juin.
Le 28 juin 1940, 900 légionnaires sur 1600 présents en Angleterre décident de suivre de Gaulle sous les ordres du Colonel Magrin-Vernerey dit » Monclar ».
Les autres sont rapatriés au Maroc.
En dépit de l'échec de Dakar en août 1940, l'Afrique-équatoriale rallie la France libre les 26, 27 et 28 août 1940.
Début novembre, la « 13 » intervient au Gabon.
Le 13 février 1941, la « 13 » atteint Port-Soudan.
Le 7 avril, la « 13 » enlève Monteculla et Fort UMBERTO
L'armée italienne d’Erythrée capitule, l'amiral Bonelli est fait prisonnier.
La « 13 » part pour la Syrie où les forces de l'Axe, en violation des clauses de l'armistice, avaient pris position.
Le 21 juin 1941, la « 13 » prend une part active dans la prise de Damas.
Décembre 1941, le lieutenant-colonel Amilakvari conduit 2 bataillons de la « 13 » en Libye.
Le 27 mai 1942, Rommel attaque Bir-Hakeim.
La division blindée italienne ARIETE est repoussée, Rommel lance une division de l'Afrika- Korps contre la position.
Il somme le général Koenig de se rendre : Refus !
Les attaques allemandes se multiplient, la position est très difficile.
Dans la nuit du 10 au 11 juin 1942, la « 13 » s'ouvre un passage de vives forces au travers des lignes allemandes.
De Gaulle s'adresse au Général Koenig :
« Général Koenig, sachez et dites à vos troupes que toute la France vous regarde et que vous êtes son orgueil ».
La Résistance française permet aux Britanniques de se réorganiser sur EL ALAMEIN
Le 23 octobre 1942, la « 13 » est à nouveau engagée pour prendre l'éperon rocheux de ENGIAHAT, en Érythrée.
Dans ce combat, le lieutenant-colonel Dimitri AMILAKVARI est tué .
En mai 1943, la « 13 », la DBLE est engagée en Tunisie dans le massif sud du Djebel Garci.
En avril 1944, la « 13 » débarque en Italie et rejoint le corps expéditionnaire du général Juin.
Elle est renforcée par des tirailleurs algériens.
Le 11 juin, la « 13 » DBLE traverse Rome et le 28 juin, elle rend les honneurs au général de Gaulle à la villa Médicis.
Puis, c'est la campagne de France à Cavalaire, à Autun, à Dijon, les Vosges.
Le 24 novembre la « 13 » occupe le ballon d'Alsace, elle tient Strasbourg et nettoie Colmar.
Redéployée dans les Alpes, la « 13 » pénètre en Italie. L'armée allemande capitule, Tende, la Brigue, le Mercantour deviennent français par le Traité de Paris, 10 février 1947.
Le 18 juin 1945, la «13 », la demi-brigade de la Légion étrangère descend les Champs-Élysées, côte à côte avec le régiment de marche de la Légion étrangère.
Parmi ces hommes qui défilent en vainqueurs, 80 sont partis d'Afrique du Nord en 1940.97 soldats de tout grade ont reçu la Croix de la libération.
La « 13 » DBLE est compagnon de la libération.
18 unités combattantes sont compagnons de l'ordre de la libération.
L'ordre des compagnons de la libération est aujourd'hui un cimetière.
Aux pires jours de la défaite, ils n'ont pas perdu espoir, ils ont repris le combat et assuré la France.
Nous ne tenons pas Bir Hakeim pour Austerlitz.
Mais Bir Hakeim, comme le premier combat de Jeanne d'Arc à Orléans, a été la preuve que la France n'était pas morte.
D'après André Malraux.
Hubert Germain, dernier compagnon de la libération, a servi dans la « 13 », demi-brigade de la Légion étrangère.
Il repose au Mont-Valérien, comme le voulut le général De Gaulle.
Avec lui reviennent pour toujours en mémoire :
« La grand-mère Corse qui cachait tranquillement le revolver de Maillot dans son tablier,
le dernier cheminot fusillé,
la dernière dactylo morte à Ravensbrûck pour avoir donné asile à l'un des nôtres. »
« Leur ombre se confond avec notre dernier compagnon, l'ombre qui s'allonge sur la France a la forme d'une épée. »
D’après Malraux
Compagnons, vous avez porté notre liberté, incarné l'honneur de la France, souvent au prix du sacrifice suprême.
Vous avez dit NON à la défaite.
Le mot NON, fermement opposé à la force, possède une puissance mystérieuse qui vient du fond des siècles.
L'Histoire éternelle,
L'Oubli éternel,
Ne peuvent effacer le NON des Femmes et des Hommes libres,
Compagnons de Jeanne et d'Antigone
« L'esclave dit toujours oui. »
André Malraux
Gloire aux Compagnons de la libération,
Vive la République,
Vive la France.
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